La kiné sans accroc ou accro à la kiné ?

A partir de l'observation de son fils lors des séances quotidiennes de kinésithérapie, Brigitte Bouzin a initié avec des ingénieurs « Flower », un projet de jeux par ordinateur qui relie le Flutter (1) à une console vidéo. Histoire d'une aventure qui a besoin de l'avis des utilisateurs et des professionnels pour perdurer.

Le patient serait guidé non seulement par ses expirations, mais aussi par le côté séduisant du jeu.

Le défi était lancé.

C'était donc une approche ludique qu'il fallait trouver grâce à laquelle le «sujet» progresserait dans un contexte structuré par son «souffle». Le patient «tuerait» donc la contrainte de la kinésithérapie avec une arme qui lui était familière et à laquelle il était quelquefois accro : le jeu vidéo.

Il ne me restait plus qu'à trouver «quel­ques bons génies» pour mettre mon plan à exécution. Des personnes de talent et de coeur par lesquelles tout devient pos­sible, et avec lesquelles miraculeusement, les règles normales du monde du «busi­ness» ne s'appliquent plus.

La chance fut de mon côté. En «sur­fant» sur internet, je trouvais en Suisse un groupe d'ingénieurs, Vincent Chritin, Eric Van Lancker, Xavier Falourd, ainsi que l'inventeur du «flutter» Claude Liardet. Ils se mirent au travail bénévolement avec une forte dose d'idéalisme, pour en arriver au

Maman d'un jeune patient de 12 ans, je me suis souvent posé la question : «mais qui pourrait se préoccuper de rendre lu­dique la kinésithérapie respiratoire ?» Bien sûr, croire que l'on peut tout enseigner par la pédagogie de l'amusement relève beaucoup de l'imaginaire et de la fantaisie, mais à mon sens ce n'est pas totalement absurde. En explorant plus à fond mon idée je me suis demandé qui pouvait bien se soucier de rendre l'approche de cette thérapie plus attrayante ?

quotidienne, alors que les autres enfants jouent ? Comment lui rendre ce temps de kiné plus agréable, de manière à susciter chez lui l'envie de faire la kiné ?». Si seulement il avait pu utiliser son souffle dans quelque chose de motivant, au lieu de faire ses exercices respiratoires la plu-part du temps les yeux dans le vague ou en regardant la télévision et avec une concentration de niveau zéro.

le patient lui-même ? Il prendra le plus souvent le kinésithérapeute comme

« cible de premier choix » en le

cha­hutant un maximum.

En observant mon fils je me suis dit : «Pourquoi est-il pénalisé par sa kiné

le kinésithérapeute ? Il y a peu de chance : il est trop préoccupé par son travail pour déroger péremptoirement à son schéma quotidien.

les parents, pour les plus jeunes «mucos» ? Ils assistent le plus souvent en spectateurs impuissants aux habitudes qui rythment les séances journalières.

De l'idée à la réalisation

La sensibilité au problème, c'est là qu'a ré­sidé ma force. C'est donc ainsi que l'espoir est né. Dans la vie quotidienne, beaucoup de nos enfants et adolescents jouent des heures entières avec leurs jeux vidéos. Il m'a paru intéressant d'observer que dans ces jeux vidéos certaines fonctions de jeu se déclenchent grâce au souffle de l'enfant...

De là l'idée est née de relier le flutter; objet que mon fils utilise le plus souvent pour se désencombrer, à une console de jeux vidéos.

1. Il s'agit d'un petit appareil, conçu pour l'auto drainage, qui renferme une bille lourde qui monte et retombe, créant une résistance intermittente au souffle.

Flower - Jeu sur ordinateur fonctionnant à l'aide du Flutter

«Manier le Flutter n'est pas un exer­cice facile ... Voila un instrument doté de plusieurs caractéristiques aux fonctions bien particulières et qui demande au souffleur concen­tration pour pouvoir satisfaire aux objectifs de la séance (comme pour un instrument de musique un cer­tain apprentissage est nécessaire).

«Flower» y aidera. C'est une ten­tative pour relier le Flutter à un jeu, encourager la dextérité et la concentration, et la persévérance, au prétexte du suivi de la cadence des pulsations de souffle transformées pour l'occasion en manette de pilo­tage de voiture de course».

Les concepteurs de «Flower»

Février 2007 - n°112

Mucoviscidose Flower - Jeu sur ordinateur fonctionnant à l'aide du Flutter

software « Flower », mesurant la cadence des pulsations du Flutter.

Grâce à ce jeu, le patient qui doit tra­vailler suivant une certaine fréquence, a un « feedback » de son effort, c'est-à-dire qu'il voit le résultat de son expiration et peut prendre conscience de son travail.

Quelle est l'efficacité du jeu ? L'expérience est celle d'une maman vers des scientifi­ques.... il manque évidemment l'avis des kinésithérapeutes. Et je demande à ceux qui me liraient de nous faire connaître leurs commentaires, aussi bien à ceux qui sont érudits dans l'usage de la technique du flutter, qu'à ceux qui ont l'esprit parti­culièrement créatif pour parfaire le côté ludique du jeu.

Trouver un bon équilibre entre les diffé­rents intervenants est tout un art : il suffit d'un souffle pour tout faire bouger, ce souffle que j'ai tant de fois écouté chez mon enfant.

Brigitte BOUZIN,
maman de Marc, 12 ans, Belgique
brigitte585@hotmail.com

Une initiative à conforter

Avec ce jeu vidéo, l'histoire du possible a bien commencé et elle se termine au mieux puisqu'elle ne finit pas. En effet, nous sommes toujours ouverts à vos sugges­tions afin de progresser dans cette aven­ture qui relève de la gageure. Ce nouveau software est un jeu dont on n'a peut-être pas encore trouvé les règles définitives.

« Flower »,

comment ça marche ?

Il s'agit d'un logiciel qui permet d'utiliser le flutter® comme le moteur d'une voi­ture de course sur un circuit, par l'inter­médiaire d'un petit microphone. Avant la course, le pilote choisit avec son assistant le régime moteur idéal pour la course. L'assistant indique également la durée pendant laquelle il faudrait que le moteur reste à plein régime lors de chaque avan­cée de la course.

Le pilote visualise en temps réel son régime moteur, et la durée de fonction­nement. Entre chaque phase de course, le pilote visualise son parcours sur le circuit, et s'il a réussi à doubler un con­current A la fin de la course le pilote visualise l'ensemble de sa performance et peut conserver le résultat.

Pour commencer il faut fixer un petit micro sur le couvercle du Flutter au moyen de pâte et ensuite le relier à son PC. La course de formule 1 peut démarrer.

On introduit :

1. le nom du pilote (patient)

2. le nom de l'assistant (le plus souvent le kinésithérapeute)

3. le choix du circuit

4. la consigne de fréquence

5. la consigne de durée

La course peut démarrer et le patient peut commencer à souffler dans le flutter.

L'écran de jeu est composé à gauche du tableau de bord du pilote et à droite de l'historique de l'exercice.

Si le patient a respecté les consignes de départ, le software répond par un petit « flash visuel » faisant apparaître sa voi­ture dépassant les concurrents.

Le programme peut

être téléchargé gratuitement

à l'adresse suivante :

http:llwww.flower-for-all.org

Marc, premier utilisateur, 12 ans

« Je ne m'ennuie plus à faire ma kiné »

Je fais de la kiné 2 fois par jour le matin vers 7 h et le

soir vers 17 h. Avec le « Flower », j'aime bien avoir le

choix des circuits et je trouve bien de voir s'inscrire les

scores et savoir quand je les dépasse. Je trouve bien le

graphique sur la droite de l'écran où l'on montre des barres

vertes qui montrent le résultat de chaque expiration en consignes.

Quand il y a un dépassement, cela m'encourage. En plus quand je fais le jeu, tout m'apparaît plus rapide et je ne m'ennuie plus à faire ma kiné. Je trouve ça gai, c'est quelque chose d'unique. Quant je souffle trop longtemps, j'ai la tête qui tourne, mais les séances de kiné sont devenues plus faciles à faire.

Marc, premier utilisateur, 12 ans

Février 2007 - n°112

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